lundi 24 août 2009

Premières arrestations dans l’enquête des meurtres anti-Rrom

Samedi dernier, à 2 heures du matin, dans un bar du centre de Debrecen, six Hongrois ont été arrêtés par la police dans le cadre de l’enquête des meurtres anti-Roms, ouverte depuis juillet 2008. Quatre d’entre-eux ont été placés en détention provisoire dès dimanche. La police a retrouvé des preuves accablantes contre ces individus, âgés de 28 à 42 ans, qui les accusent d’avoir participé aux attaques des 12 derniers mois, ayant fait six morts et cinq blessés graves. Cependant, les accusés nient toujours les faits.


Une enquête qui porte enfin ses fruits

C’est Jozsef Bencze, chef de la police nationale, qui a lui-même tenu les médias au courant tout le week-end. Les quatres criminels présumés formeraient selon lui, sinon la totalité, la tête de ce mini commando anti-Rom. La police avait commencé à les surveiller après le dernier assaut dans une habitation tsigane de Kisleta, le 3 août dernier, tuant Maria, 45 ans, et blessant grièvement sa fille adolescente par balles pendant leur sommeil. Depuis, ils ont été confondus dans neuf affaires criminelles anti-tsiganes, notamment grâce aux analyses d’ADN prélevés sur les lieux des crimes. Des armes, des munitions, et des cartes indiquant des coordonnées précises quant aux cibles qui furent visées ont été retrouvées lors des perquisitions effectuées à leurs domiciles. L’écoute de plusieurs de leurs conversations téléphoniques avant et après les meurtres a aussi été à la base de leur inculpation.

Une arrestation “prématurée” mais nécessaire

Leur arrestation immédiate a été motivée par des preuves indiquant qu’ils allaient frapper de nouveau, dans un avenir proche. Sans la découverte de cartes explicites dans leurs véhicules, la police les auraient certainement surveiller un peu plus longtemps afin d’établir si des complices pouvaient s’ajouter à ce sinistre “quatuor”. Selon Bencze, les quatre accusés, soit dit-en-passant tous les quatres videurs dans deux bars de Debrecen, projetaient une prochaine attaque contre des gitans d’un village de la région de Nograd.

Le profil raciste n’est pas encore officiellement établi

Selon Népszabadsag, deux des tueurs sont frères, dont l’un aurait admis avoir eu des motivations racistes. Mais, pour Bencze, cela ne suffirait pas à donner un caractère purement raciste à leurs assassinats. Selon MTI cette fois, l’expert et le fournisseur en explosifs, en armes et en munitions de la bande était soldat de la mission hongroise de la KFOR au Kosovo jusqu’en 2008. Enfin, un autre fut déja suspecté d’avoir pris part à l’incendie criminel de la synagogue de Debrecen en 1995.

Les réactions politiques

Après que les médias étrangers aient commencé à se mêler de l’affaire anti-Roms, celle-ci a pris depuis quelques mois une ampleur inhabituelle en Hongrie. Par conséquent, la pression montante des politiques sur la police n’est certainement pas pour rien dans cette arrestation, qui intervient au moment même où la récompense aux infos venait de doubler, passant ainsi à un million de forints. Très consensuel à l’instar de sa fonction, le président hongrois Laszlo Solyom a déclaré qu’après ces arrestations, “le pays tout entier devrait exprimer son soulagement”, ajoutant que le retour au calme et la confiance en la loi et en l’ordre se doivent de revenir là où les drames ont eu lieu. Le Premier Ministre Bajnai a salué le travail des quelques 120 personnes qui ont concouru à résoudre selon lui la plus grande affaire de meurtres en série du pays de ces dernières années. De son côté, la communauté Rom de la région de Szabolcs reste méfiante, et continue de faire patrouiller certains de ses membres dans les villages à forte population tsigane, convaincue que certains coupables courent toujours.

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