lundi 31 mai 2010

Histoire et vie des gens du voyage (suite)


La Légende

De vieilles légendes racontent pourquoi et comment les Gitans, Manouches et Rrom, Sintis et autres groupes analogues quittèrent l’INDE, leur patrie d’origine.

Ils habitaient près du GANGE, leur chef était puissant et respecté, et sa voix était entendue sur toute la terre. Ce chef avait un unique fils, nommé TCHEN. Dans le pays de HIND (actuel HINDOUSTAN) régnait alors un roi très puissant et son épouse favorite qui avait donné naissance à une fille prénommée GAN. Après sa mort, TCHEN décida d’épouser GAN qu’il considérait comme sa sœur, bien qu’elle ne le fût pas. Le peuple se divisa alors en deux factions et un sorcier prédit : invasion et catastrophe. Peu de temps après des envahisseurs détruisirent le pays tout comme le sorcier l’avait prédit. Les opposants et partisans de TCHEN le chassèrent du pays et un autre sorcier déclara que jamais plus ils ne dormiraient deux nuits de suite dans le même lit, ne boiraient jamais plus deux fois la même eau et seraient condamnés à errer sans fin sur la terre.

Une autre légende raconte que ces peuples vivaient heureux dans un pays magnifique qui s’appelait SIND. Leur chef, MAR AMENGO DEP avait deux frères ROMANO et SINGAN. A la suite d’une grande guerre contre les musulmans, le pays fut réduit en cendres et tous les membres de la communauté en furent chassés, et pauvre parmi les pauvres se virent condamner à errer de pays en pays.




L’origine
Au cours de leur errance, ces peuplades, pour des raisons obscures, se disaient originaires d’Egypte. Il fallut attendre 1783 et les travaux de GRELLMAN pour attester de leur origine indienne. La langue est très proche de l’Indi et plus précisément celui qui est parlé au Nord Ouest de l’Inde (Pendjab et Sanskrit). Le Romani actuel est plus proche de l’Indi ancien que de l’Indien contemporain. Cette langue représente dans les faits le seul « livre » et demeure notre mémoire collective, enrichit çà et là de nouveaux vocables empruntés aux cultures côtoyées.


L’errance

Les premières migrations se situèrent en IRAN et en ARMENIE, puis vers l’empire BYZANTIN. Quelques groupes restèrent en ARABIE tandis que les plus petites communautés partirent vers la SYRIE, l’EGYPTE et l’AFRIQUE NOIRE.

Vers 420, en IRAN invité du SHAH de PERSE ils s’aperçurent que certains nomades musiciens les avaient cependant précédés.

Mais dans les faits, l’exode s’étala très longuement dans le temps puisque l’on peut situer les premiers grands départs au VIIème et VIIIème siècle lorsque les ARABES venus d’IRAK, d’IRAN et d’ASIE CENTRALE envahirent le SIND. Par la suite les invasions se multiplièrent venues d’AFGHANISTAN au XIème et XIIème siècle, puis celle de GENGIS KHAN dont les hordes dévastèrent l’ASIE CENTRALE. C’est certainement à cette époque qu’ils furent les plus nombreux à quitter leur pays. Enfin TAMERLAN fut le dernier de ces grands conquérants à faire fuir en masse ces populations.

Après avoir quitté l’INDE des groupes plus ou moins importants errèrent de pays en pays, souvent enrôlés de force dans les armées, mais sans pour autant acceptés de perdre leur identité.


L’implantation

De nombreux mots de la langue la plus usitée de ces peuplades, sont d’origine arménienne où ils arrivent au XIème siècle. Leur première apparition à CONSTANTINOPLE se situe au début du XIVème siècle, ainsi qu’en CRETE, puis dans la région de DUBROVNIK vers 1362. Les TURCS ayant conquis la plus grande partie des BALKANS, on retrouve tout naturellement des membres de ces communautés en THRACE, en BULGARIE, SERBIE, ROUMANIE où la plupart du temps esclaves, ils devront attendre 1851 pour être émancipés.

Dès le début du XVème siècle, on les retrouve dans les grandes villes d’Europe : HAMBOURG, LÜBECK, LEIPZIG, FRANCFORT, STRASBOURG (où ils sont près de 14 000), ZURICH, BERN, BRUXELLES etc. L’un de leur chef, ANDRE se déclara lui-même Comte de la petite EGYPTE à CHÂTILLON EN DOMBES. Leur arrivée à PARIS se situe en août 1427, le groupe se disant originaire d’EGYPTE.

Arrivée en Espagne en 1425, un groupe chassé de France, se voit ordonné de quitter le pays en 1449. Comme ils refusent d’obéir, des mesures exemplaires sont prises, allant même jusqu’à les rendre aveugles sous le règne de Philippe V. Puis on les déporte en AFRIQUE, au BRESIL, en VIRGINIE, en MARTINIQUE, etc.

Les motifs de ces persécutions ne manquent pas, ces éternels voyageurs étant même accusés d’avoir fabriqué les clous, ayant servi à crucifier JESUS d’où leur errance et leur pseudo damnation éternelle.

1 commentaire:

Fleur de corail Jeannine Toiron-Vaquié a dit…

C'est toujours passionant de lire l'histoire des gens du voyage! Tu racontes bien. Bonne journée