vendredi 10 mai 2013

Camps de concentration (suite) -Moeurs-Religion-





MŒURS

Il nous était défendu de choisir notre place, laquelle nous était imposée. Nous étions ainsi mélangées avec les détenues de droit commun, qui étaient toutes grossières et brutales.

Là, on partageait le contact le plus affreux, la promiscuité la plus dangereuse.

De plus, nos Offizierinnen avaient des meurs spéciales et ne se gênaient en aucune façon pour s’ébattre sur les châlits voisins avec des gitanes qui bénéficiaient, de ce fait, d’un régime de faveur.

Les femmes et les jeunes filles, lorsqu’elles étaient belles et saines, étaient mises dans une baraque spéciale où les S.S. les violaient jusqu’à ce qu’elles fussent demi-mortes. De là, on les dirigeait vers le crématoire.

Il existait une maison publique réservée aux détenus qui avaient trois mois de présence dans le camp. Le médecin devait donner un bon permettant l’accès. Cet établissement n’était ouvert que le soir après l’appel. Un S.S. en gardait l’entrée. Le matin, les pensionnaires faisaient l’exercice militaire en chantant, en short. Le soir, quelques femmes choisies montaient dans les casernes des S.S.

Le prix d’entrée était de 2 marks sur lesquels la femme recevait 50 pfg, et le reste (1,50m.) était versé à des organisations ayant des buts de guerre.

Un certain nombre de Juifs étaient gardés au camp à la disposition des kapos : ils était utilisés par des kapos homosexuels allemands pour assouvir leur passion et étaient protégés par eux.

On vit une mère et sa fille enfermées et celle-ci obligé de retrousser les robes de son enfant que l’on faisait violer par un chien.

Et enfin pour terminer : il y avait des chiens qui étaient vicieux. On choisissait principalement des jeunes filles ; elles étaient accompagnées par des S.S. qui les emmenaient travaillé à faire des corvées de pierre. Après épuisement du travail qui durait douze heures sans arrêt, ces jeunes filles tombaient de fatigue pour la plupart. C’est alors que les gros chiens se jetaient sur elles en essayant de les violer. Ils étaient dressés pour cela, je l’ai vu de mes propres yeux.  Ces jeunes filles étaient décapitées parce qu’elles résistaient, et les S.S. rapportaient au camp, en nous les montrant, les morceaux des femmes décapitées, accrochés au fusil ; ils jouaient avec en nous disant que c’était ce qui nous attendait.


RELIGION

Pour les croyants de toutes confessions religieuses, aucun secours spirituel ou moral ne nous a été accordé.

L’assistance d’un prêtre nous ferait beaucoup de bien, mais ici, interdiction formelle, sous peine de mort, aux prêtres, d’exercer leur ministère.

Dans tous les camps de concentration, tout culte religieux était interdit sous peine de mort.

Le grand principe état de supprimer tout ce qui, de loin ou de près, touchait à la pensée de Dieu ; c’est ainsi que, sous le prétexte de désinfection, on prenait les chapelets qu’on jetait aux ordures, de même que les images saintes et les médailles qui, pourtant, bien souvent étaient des souvenirs. Les bréviaires, missels et livres de piété servaient de papier hygiénique.

Je voulais conserver une petite image sainte mais l’un des prisonniers m’en dissuada. Cela ne vaut pas à peine, on se moquera de vous et finalement on vous la retirera.

Je fus assailli par un groupe de S.S. qui m’arrachèrent ma soutane, brisèrent mon chapelet, piétinèrent mon bréviaire en ricanant.

Des religieuses faisaient partie de notre convoi ; les Allemands jetèrent leurs habits dans la boue en ricanant.

Les robes et les vêtements sacerdotaux étaient transformés en costume pour les femmes de la maison publique.

Comme j’étais prêtre et Anglais, j’avais une corvée supplémentaire à faire. Cette corvée spéciale consistait à vider un trou plein d’eau à l’aide d’un seau. Je n’arrivais d’ailleurs jamais à vider ce trou car il se remplissait au fur et à mesure. J’ai passé de mauvais moments. Les coups et les corvées les plus dures, les terrassements, m’ont été réservées.

Pour la recherche des pratiques religieuses, les S.S., à Auschwitz, s’adressaient aux kapos ou blockalteste.

Le professeur d’Université de langues orientales (hébreux, arménien et arabe), A. St-M., fut tué par un stugendienst qui l’avait entendu prier.

Il arriva à Auschwitz des prêtres qui ne reçurent pas de numéro-matricule. On les faisait passer par la désinfection et on les affectait à la quarantaine, mais le lendemain ils étaient envoyés en robe travailler à la gare sous le commandement de l’Oberkapo et ce kapo les tuait avant le soir.

En 1944, l’été, j’ai autopsié le premier patriarche du synode orthodoxe de Paris, dont j’ai oublié le nom ; Staline l’avait, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge Internationale, fait rappeler pour réorganiser l’église orthodoxe. Selon son appartenance et les lois internationales, ce patriarche avait, de même que les cardinaux catholiques, le droit de se déplacer librement et n’aurait jamais dû être interné. Lorsque les Allemands connurent la demande de Staline, ils l’internèrent et l’envoyèrent à  Buchenwald où il devint malade de l’estomac. Il avait auparavant déjà été opéré deux fois. Il demanda au médecin une troisième opération qui fut refusée, puis accordée. C’est à la suite de cette opération (quelques jours après) qu’il mourut.

Un curé fut martyrisé parmi nous. On l’obligeait à se mettre à genoux, une brique dans chaque main, et à dire que Jésus-Christ n’existait pas et que le seul Seigneur était Hitler. Jamais il ne voulait le dire ; il fut frappé des jours et des jours à coups de matraque, de bottes, de crosses de révolver et mourut ainsi martyrisé.


A suivre -Scène de tous les jours-

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