jeudi 11 décembre 2014

La princesse Romani Chaï





C’est l’histoire incroyable de la princesse Romani Chaï qui s’occupait et voulait faire connaître aux gadjé leur langue et leur culture.

Elle savait que c’était dur pour les gens du voyage mais elle ne lâchait pas prise, elle se disait qu’il faudrait qu’on finisse par l’entendre, c’était une Manouche …

-          Les gens vont-ils m’écouter ?

Elle travaillait avec des gadjé qui s’occupaient aussi des voyageurs, elle laissait un pu aller car elle était anéantie, désespérée. Elle voulait parler en haut lieu mais se demandait comment y arriver car, en haut lieu, ceux qui s’occupaient des gens du voyage ce n’étaient pas des gens du voyage, il y en avait très peu.

On sait bien que les gens du voyage ont des pouvoirs magiques alors la princesse Romani Chaï alla en Inde, dans le pays de ses ancêtres, où vivait sa famille et y retrouva sa vieille tante Masella.

Elle passa quelques jours avec elle :

-          Ma tante, comment réussi à faire quelque chose ?
-          Il faudrait que tu ailles dans un endroit où les gens puissent t’écouter.
-          Je parle, je parle mais les gens ne m’écoutent pas.
-          Vas et tu pourras discuter.

La Romani Chaï revint chez elle et là dans son courrier elle trouva une invitation à participer à la commission consultative. Sa tante Masella avait réussi !!

Lors de la réunion elle ne put pas trop parler, elle faisait partie des deux ou trois voyageurs représentatifs mais on ne l’écoutait pas, alors elle tapa sur la table.

-          Vous allez m’écouter, vous tous ici vous n’êtes pas représentatifs, vous ne connaissez pas les problèmes des gens du voyage car vous n’êtes pas sur les terrains, vous restez dans vos bureaux. A chaque fois qu’une loi passe, elle n’est pas appliquée, vous ne défendez pas bien les gens du voyage. Aujourd’hui nous sommes trois et vous ne nous écoutez même pas.

Mon peuple est en train de mourir, vous essayez d’effacer nos traditions, nos coutumes, notre peuple est unique et vous n’en êtes pas conscients.

L’important c’est le voyage, nous nous inquiétons pour nos enfants, on a essayé de nous sédentariser. Vous avez voulu qu’on reste sur place mais même là on n’a pas de droits, les terrains qu’on veut nous vendre sont inconstructibles, les choses essentielles on nous les refuse : pas d’eau, pas d’électricité, par de sanitaires.

Les enfants ne vont pas toujours à l’école car on les accepte mal, on les met dans des SEGPA (section d’enseignement général pour un préapprentissage), on dit que ce sont des asociaux.

Il ne faut pas nous tuer, nous sommes des morts-vivants, n’essayez pas de nous achever !

Donnez-nous les moyens à ceux qui veulent se sédentariser mais laissez voyager ceux qui veulent voyager pour qu’ils gardent leurs coutumes.

C’est unique il n’y a que ce peuple là qui vous gêne, tous les peuples du monde peuvent vivre, sauf nous, nous sommes des indésirables : pourquoi faire tant de différences ?

Avec des animaux vous ne faites pas de différence : quand on veut faire un élevage de poules, de coqs ou de canards on installe tout, on respecte tout ce qui vit. Vous respectez plus les animaux que nous. Il faut aimer tous les êtres vivants, on ne doit pas faire de différence.

Quand vous passez des émissions sur les camps de concentration on parle très peu des gens du voyage et de leurs souffrances. On ne vous demande pas de faire un grand effort comme de construire le tunnel sous la Manche, on veut juste quelques petites places pour faire notre métier, pour essayer de vivre sainement.

Alors Messieurs, n’essayez pas de nous enterrer vivants car nous ne sommes pas des malfaisants : il y a bien eu des voleurs de poules mais cette image que vous nous donnez, il faut l’effacer.

Messieurs, n’effacez pas l’amour qui existe en nous, ne nous obligez pas à « avoir la haine ». Le verbe aimer c’est merveilleux, un cœur qui bat ça existe encore mais bientôt tout finira car on a remplacé l’être humain par des robots, les ordinateurs pensent pour nous, internet …. Ah ! le progrès !

L’être humain n’est plus ce qu’il était puisque tout disparaît, les choses essentielles. On ne verra plus les cieux pleurer, les gens émus, tout est robotisé, même les animaux sont chimiques, ils attrapent tous la maladie.

Que va-t-on manger ? Que va-t-on faire ? On va créer l’Europe, mais elle va disparaître, le monde va disparaître.

Le penseur n’est plus le penseur puisqu’on l’oblige à penser. Aujourd’hui le problème est grave, on s’en fout puisque les robots pensent pour nous.

Internet, faire l’amour sur internet, comme l’amour au téléphone, l’amour plastique ….. tout a changé.

Alors Tzigane sir tu te bats, tu te bats contre ça et tu n’es pas normal, on va tout gâcher à faire comme les robots, les robots n’ont pas de cœur, ils foncent comme un bulldozer sans marche arrière, ils écrasent tout. L’humain, l’amour, la tendresse sont enterrés, brûlés, anéantis par le progrès.

Tzigane bats-toi, lève-toi et cours comme tu l’as toujours fait, fuis l’ennemi …. L’ennemi est là.

Cours Tzigane pour sauvegarder tes traditions, les coutumes et surtout l’amour. Bientôt celui qui sera sensible sera rejeté, il l’est déjà, alors Tzigane tu as bien raison de voyager et d’aimer.

Surtout si tu meurs n’oublie pas qu’il y a une chose qui t’a fait vivre c’est l’amour, l’amour des femmes, l’amour des enfants qui deviennent des petits robots, pourtant à une certaine époque ils étaient purs.

Tu sais Tzigane tu ne vis que pour tes enfants, alors essaie de leur donner cet amour dont ils manquent.

Va Tzigane, cours pour l’amour, cours pour ta liberté, cours pour ne pas être robotisé….


Extrait de « Réflexions d’un Manouche, Laissez-nous vivre » de Joseph STIMBACH éditions l’Harmattan

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